Restaurer les montagnes de la vallée de la Maurienne (Savoie) : diversité d’opinions et d’approches parmi les forestiers (1860-1940)
du 4 octobre 2019 au 6 octobre 2019
Comment et pourquoi restaurer les montagnes ?
Une question qui fut au cœur des débats qui animèrent l’administration des eaux et forêts de la seconde moitié du XIXème siècle jusqu’à la seconde guerre mondiale. L’opposition entre Paul Mougin, partisan du reboisement et Félix Briot défenseur du ré-engazonnement est une des illustrations de ces divergences d’opinions qui opposèrent les maîtres à penser du corps forestier. Mais dans le cadre opérationnel d’une conservation, comment s’articulait la diversité des points de vue ?
L’étude historique que nous vous proposons s’appuie sur les archives forestières d’un échantillon de dix communes savoyardes localisées dans la vallée de la Maurienne. L’analyse de ces archives démontre que dans le contexte post-annexion des années 1860-1940, les opinions des différents échelons de la hiérarchie forestière varient selon les enjeux forestiers, politiques, sociaux et économique auxquels ils sont respectivement confrontés.
Les ingénieurs forestiers de la conservation de Chambéry et plus particulièrement du service reboisement, tentent de satisfaire les exigences nationales concernant la maitrise de l’érosion torrentielle. Ils entreprennent à cet effet des grands chantiers de reboisement autour des torrents les plus menaçants de Savoie.
Dans les cantonnements et les brigades mauriennaises, les forestiers sont soucieux de maintenir le dialogue avec les habitants afin de garantir leur bonne intégration dans ce nouveau territoire. De plus ils estiment souvent que les risques liés à l’érosion sont peu menaçants pour les communautés locales. Ils préconisent donc de pérenniser les fonctionnements sylvo-pastoraux en vigueur tout en limitant d’éventuelles dérives. Ils proposent aussi des actions de reboisements, mais ciblés dans des enclaves de quelques ares ou hectares afin de rendre les peuplements plus productifs.
Nous vous proposons donc d’étudier à partir de cas concrets la diversité des opinions et des pratiques des forestiers savoyards en matière de restauration des montagnes. Il s’agira ici d’analyser les conséquences de ces rapports de forces sur l’efficacité ou l’inefficacité de la restauration sur le temps long.